Vues sur les jardins interdits
(D’un seul trait, la courbe formelle de l’œuvre est d’une grande simplicité, le titre d’ailleurs, nous révélant immédiatement la clé du «mystère». Les «Jardins Interdits» est, en plein centre de la pièce, une musique tirée d’un choral (Herzlich für mich erfreuen) du compositeur allemand Samuel Scheidt (1587-1654).
Pour y arriver et «voir» ces «jardins interdits», Pousseur a recours à un système de fenêtres, parsemées à travers une musique déduite de l’œuvre de Scheidt. La courbe formelle de l’œuvre met donc en évidence un jeu d’inclusions du passé à travers les fenêtres (c.-à-d. les extraits transformés du choral) interrompant avec une fréquence accrue un discours aux allures modernes (clusters,flutter, attaques variées, etc.) rappelant par certaines techniques utilisées (filtrages harmoniques), les antécédents électros acoustiques du compositeur. Peu à peu, ces inclusions gagnent en importance et finissent par chasser l’autre musique qui s’est dissoute progressivement, n’ayant d’ailleurs jamais vraiment vu le jour. Une fois le choral énoncé, celui-ci disparaît à son tour par un jeu d’inclusion similaire à celui du début, mais avec cette fois, l’autre musique qui vient interrompre sa progression.