Passage
(- All over (très rapide)
- Hard edge (rapide)
- Color field (lent, puis sans tempo)
Le passage est, d’un point de vue formel, transitoire, il est au service de l’ensemble, ou un extrait de quelque chose de plus vaste. On s’y engage pour aller vers quelque chose qui le transcende, on ne s’y arrête pas comme tel, sauf peut-être pour faire un rappel, pour déposer quelque chose de plus élaboré, de plus signifiant, pour reprendre son souffle.
L’histoire de la modernité, et les étapes plastiques et picturales qui ont jalonné l’abstraction au XXe siècle, ont toujours été très significatives pour moi. Mais, cependant, le résultat de surface (le tableau, l’objet) a toujours été d’importance plus relative. À mon avis, c’est « l’éthique processuelle » que l’artefact rappelle par sa matérialité qui m’importe le plus.
Je peux difficilement apprécier le travail d’un(e) artiste, si je n’ai pas l’intime conviction qu’il-elle s’est soumis(e) à une éthique: qu’il-elle s’est imposé(e) l’effort d’emprunter le passage…
Les choix qui sont faits ensuite sont un droit inaliénable et heureusement sont repris par la liberté de l’artiste et je considère que toutes les trajectoires sont alors, sans distinction, appréciables, dignes d’une critique.
Au risque d’exprimer une certaine forme « d’exclusivité », je n’arrive pas à éprouver beaucoup de considération pour les « sauteurs » d’obstacles conceptuels et les opérateurs d’attentes formatées.
Passage est une pièce radicalement athématique, et la mélodie – qui est partout – ne s’y manifeste qu’au second degré. C’est une étude de texture basée sur les contrastes et l’énergie cinétique des tempêtes, « passage » est une dépression portant les stigmates de trois grands courant techniques qui racontent l’éthique rigoureuse de l’abstraction.
C’est une pièce volontairement difficile.